mardi 20 décembre 2011


Stanislas Cotton et Emile Lansman invités aux Didascalies à Périgueux en février 2012

Les Didascalies
23e Festival de Théâtre lycéen
Périgueux et Boulazac - Dordogne
7, 8, 9 et 10 Février 2012


Une rencontre avec le théâtre francophone

Le théâtre en français ne s’écrit pas et ne s’édite pas qu’en France. Par dessus la jolie palissade de cette vérité de Lapalisse, se trouve toute une chaîne de créations et de diffusions du Théâtre francophone qui associe des écrivains dramaturges, des compagnies, des lieux de diffusion et des éditeurs de par le vaste monde dont il n’est pas vain de rappeler qu’il est majoritairement anglophone. Aussi pour rendre hommage à cette dynamique internationale trop méconnue, nous avons choisi la Belgique. Les Didascalies accueilleront Stanislas Cotton, écrivain dramaturge belge résidant en Italie et Emile Lansman, éditeur à Carnières, en Wallonie, et globe-trotter de la francophonie, de l'Afrique à l'Acadie, de l'Europe à la Caraïbe. Leur amitié de longue date s’est nourrie de nombreuses collaborations autour de l’écriture de l’auteur et ses créations sur scène ainsi que dans le cadre d’évènements littéraires ou d’éducation artistique. Des rencontres en leur compagnie seront proposées aux festivaliers dans le cadre intime et propice du Paradis (galerie verbale). Outre la lecture d’extraits de l’œuvre de l’écrivain et la présentation son parcours, ils évoqueront ensemble leur collaboration et les enjeux du théâtre francophone ainsi que son évolution dans le monde d’aujourd’hui.

Un projet soutenu par le CED-WB et EMILE&CIE.

mardi 6 décembre 2011

ATELIER D'ECRITURE II

Ces 9, 10 et 11 décembre, second rendez-vous d'écriture au Théâtre du Peuple de Bussang. 
Si les idées qui ont surgit il y a dix jours mûrissent comme il se doit, on ne devrait pas s'ennuyer une minute.

lundi 21 novembre 2011

ATELIER D'ECRITURE

Ces 25, 26 et 27 novembre, premier rendez-vous au 
Théâtre du Peuple de Bussang 
pour un atelier d'écriture qui nous conduira 
"Du rire aux larmes"
Je me réjouis de rencontrer l'équipe "d'écrivants" que je vais suivre quelques temps, de retrouver Vincent Goethals et toute l'équipe qui anime ce lieu exceptionnel à la fois hors du temps et incroyablement ancré dans notre époque.

vendredi 18 novembre 2011

Je voulais écrire un billet sur la dégradation de la situation économique européenne et sur ce que représente pour la démocratie la mise en place d'un "gouvernement technique" en Italie sans passer par le vote des citoyens (gouvernement composé de financiers, de professeur d'universités, de magistrats...), et puis m'est revenue en mémoire cette citation de Thomas Jefferson, troisième Président des Etats-Unis, de 1801 à 1809, qui a beaucoup circulé sur le net. 


« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques  priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »
Thomas Jefferson (1802)

mardi 1 novembre 2011


Publié sur le site www.bela.be (SACD) le lundi 31 octobre 2011

INDIGNATION

Triste 15 octobre à Rome, malgré le soleil… Cent trente-cinq blessés, plusieurs millions d’euro de dégâts, des arrestations, vingt mètres cubes de pavés récoltés par les services de nettoyage… et la tristesse et la colère des centaines de milliers de manifestants pacifiques qui se sont vu voler leur manifestation par quelques centaines de jeunes, vêtus de noirs, casqués et très bien organisés, qui voulaient en découdre avec les forces de l’ordre.
Triste samedi où les larmes de Béatrice, jeune romaine de 17 ans, photographiée après de violents mouvements de foule où la panique, le bruit assourdissant, les cris et les gaz lacrymogènes dispersaient en tout sens les protagonistes de la fête, ont fait le tour du web. Le visage de la jeune fille avec les sillons de ses larmes disait, à lui seul, l’étendue de la déception qui a saisi les « indignés » d’Italie ce jour-là. 
Depuis, les mots  « black bloc » ont envahi les journaux télévisés et la presse écrite. Il me semble que la première fois que j’ai entendu ces termes c’était il y a dix ans lors des manifestations en marge du G8 de Gênes, qui furent endeuillées par la mort de Carlo Giuliani, et qui déclenchèrent une répression policière extrêmement violente. On parle d’anarchistes insurrectionnaires, de supporter « ultras » des clubs de football, de groupes d’extrême gauche et d’extrême droite… Mais je pense qu’il y a aussi des gens comme vous et moi, j’ai vu l’interview d’une jeune maman sans domicile, en situation très précaire qui revendiquait son appartenance au « black bloc ». Il y aurait en Italie un peu moins de deux mille personnes répertoriées dans un fichier et surveillées par la sureté nationale. Fini le temps des casseurs « occasionnels » et des jeunes désoeuvrés…
Mais dans un pays où le chômage frise les 30% chez les 15 à 25 ans, il ne faut sans doute pas s’étonner de voir certains perdre patience. La population est dégoûtée par les turpitudes d’une certaine classe politique et par un gouvernement qui semble ne plus rien diriger du tout. L’indécision et l’absence de mesures énergiques pour lutter contre la crise ruinent chaque jour un peu plus l’économie italienne et comme d’habitude ce sont ceux qui ont le moins qui paieront pour les autres.
Il est clair que faire payer la dette des états par les citoyens et voir ces mêmes états sortir d’on ne sait où des centaines de milliards pour renflouer les banques est difficile à avaler. Il est légitime de s’indigner. Il y a quelque chose de pourri dans le système, il faut donc en changer radicalement. Les citoyens italiens et ceux de tous les états démocratiques ont le pouvoir de dire non, c’est une force immense, pacifique, dans laquelle ils doivent croire, car tout usage de la violence demeure l’aveu d’un échec.

Stanislas Cotton

mardi 18 octobre 2011

Hors du monde 2

Publié sur le site www.bela.be (SACD) le 17 octobre 2011

Au Nord de l’Italie, des contreforts des Alpes à la plaine où le Po déroule ses méandres majestueux, il y a toujours l’un ou l’autre responsable des Ligues Lombardes ou Vénètes qui ne manque d’affirmer – au sujet des réfugiés qui traversent la Méditerranée pour poser les pieds en Europe – qu’on ferait mieux de repousser les envahisseurs avant qu’ils n’entrent dans les eaux territoriales ou même qu’on les bombarde avant qu’ils n’atteignent les côtes italiennes… Vous avez bien lu le mot : bombarder.
Souvent, dans les meetings de cette « Lega Nord » des centaines de citoyens portant des chemises vertes – la couleur du parti – grimacent, les traits déformés par la colère, réclamant à grands cris la sécession et l’indépendance de la Padanie. Ils détestent le midi, ce sud mafieux, peuplé de paresseux et cette Rome voleuse responsable de tous leurs maux. Et l’on sent qu’ils sont vraiment fâchés, très fâchés, et que pour un mot mal dit, ils en viendraient aux mains. Chaque fois, cette vision m’attriste et je soupire en les plaignant pour leur ignorance ; sans doute, leur faut-il parfois tenter de remplir ce vide par des cris. Il n’y a donc pas que les « tunisini », qui débarquent poches vides et cœur rempli du rêve d’une autre vie, qui sont victimes de haine et de racisme, mais les italiens eux-mêmes pour peu qu’ils vivent au-dessous de 42° de latitude Nord.
Mais l’Italie, me direz-vous, est un pays exubérant, tout y est exacerbé, cet excès est inscrit dans les mentalités. C’est vrai, sans doute. On peut voir des députés s’empoigner à la chambre, des hommes politiques promettre un monde meilleur et filer avec la caisse, découvrir un premier ministre partouzeur, des femmes fortement dévêtues jusque dans les émissions consacrées au football, les associations estudiantines de gauche et celles d’extrême droite s’affronter battes de base-ball à la main, le marchand de journaux du coin vendre des bustes de Mussolini…
Pays où les sentiments sont emprunts de démesure, d’accord, mais ce triste repli sur soi qui ressurgit lorsque les temps sont plus difficiles, ne conduit nulle part, que ce soit ici, dans notre vieille Europe ou ailleurs. La haine est un poisson sournois, qui ronge les meilleurs d’entre nous lorsqu’ils sont contaminés. Il ne faut jamais oublier que chasser l’autre, c’est d’une certaine façon, s’amputer de soi-même.


Stanislas Cotton, octobre 2011

lundi 3 octobre 2011

Hors du monde 1


Publié sur le site www.bela.be (SACD) le 3 octobre 2011

Lampedusa, vingt kilomètres carrés de terres arides perdues en méditerranée, aux côtes méridionales caressées par des eaux turquoises qui se donnent des airs de Maldives tandis que celles du septentrion offrent le spectacle dantesque de falaises vertigineuses. C’est une langue de roche poussiéreuse, martelée l’été par un soleil de plomb, égarée entre Malte et la Tunisie à cent dix miles nautiques[1] du port Empédocle d’Agrigente ; l’île est rendue tristement célèbre depuis plusieurs années par les milliers de réfugiés qui y débarquent pour pénétrer en Europe (combien perdus à jamais, combien noyés en mer ? On parle de 1500 disparus…).
Il y a quelques jours, certains de ces migrants ont menacé de se faire sauter avec des bombonnes de gaz pour échapper à un rapatriement forcé. Puis, ils ont mit le feu au centre d’accueil qui hébergeait plus de mille d’entre eux ; il est aujourd’hui au deux tiers détruit.
Des centaines de réfugiés ont envahis la ville. Solidaires durant des années – ils ont été les premiers a partager nourriture, vêtements et couvertures lorsque le gouvernement ne prenait pas ses responsabilités – les lampédusiens ont cette fois perdu toute retenue. La confrontation a été très violente. Exaspérés, ils jetaient des pierres sur les « tunisini[2] » ou les chargeaient armés de bâtons et de barres de fer. La police est intervenue sans ménagement. Des centaines de sans feu ni lieu ont fuit, se perdant dans l’île, dans sa poussière, ses rochers, ses calanques… Puis les forces de l’ordre ont rassemblé les fuyards dans le stade municipal et sur l’un des môles du port.
Le maire s’est retranché dans son bureau avec une batte de base-ball…
Le Ministre de l’intérieur a piqué une colère : expulsons immédiatement ces délinquants !

Le lendemain, jour des festivités populaires les plus importantes de l’année, la procession de la sainte patronne de l’île, la Madonna di Porto Salvo, les pêcheurs l’ont portée sur leurs épaules, du sanctuaire qui l’héberge jusqu’à l’église, sous les cris de la population : « viva a Madonna di Portu Salvo[3] ! » Les lampédusiens se sont recueillis, ils ont prié, sans doute, pour que la mer demeure généreuse mais aussi pour que des jours meilleurs se profilent à l’horizon. Et pendant ce temps-là, et durant toute la nuit suivante, par mer et puis par air, l’armée rapatriait les « tunisini » vers leur pays d’origine.


Stanislas Cotton, octobre 2011


[1] Plus ou moins 200km.
[2] Les tunisiens.
[3] Vive la Madonne de Porto Salvo.

jeudi 22 septembre 2011

Deux petites réflexions sur la démocratie


Publié sur le site www.bela.be (SACD) le 20 septembre 2011

Notre européenne Belgique, qui s’offre le luxe de vivre sans gouvernement depuis plus d’une année (remercions les nationalistes de tous bords), présente aujourd’hui une croissance supérieure à celles de ses voisins et un taux de chômage en baisse malgré la crise lancinante qui ronge les finances mondiales[1]. De quoi faire des jaloux dans les alentours. Bravo ! L’administration fonctionne, c’est sûr et certain. La Présidence européenne de l’an dernier, qualifiée d’exemplaire, en est une autre preuve indiscutable.
Mais quelque chose me chipote… Si un état fonctionne sans gouvernement, certains ne vont-ils pas sauter sur l’occasion : à quoi bon alors en vouloir un à tout prix ? Quelques directeurs ne suffirait-il pas pour naviguer fièrement au travers des remous du cours des choses ? Quelques techniciens, quelques banquiers ? Tiens, tiens… Ces Ministères, ces cabinets, ces dépenses ! Ces élections ! Ces citoyens, allons bon ! Ne risque-t-on un jour de voir quelques-uns, chatouillés par ces idées, ranger dans un placard notre démocratie, notre droit de citoyen à émettre des choix ? Mais le Peuple, me direz-vous, le Peuple lors des grands tournants de l’histoire, ne prend-il pas son destin en main ? Sans doute, sans doute… Mais je le trouve bien endormi, le Peuple, Mesdames, Messieurs… Et les indignés, me direz-vous ? C’est très bien de s’indigner, Mesdames, Messieurs, mais cela ne suffit pas, encore faut-il avoir quelque chose à proposer.

Dans mon pays d’adoption, l’Italie, ce trésor de la méditerranée bien mis à mal aujourd’hui, le petit Ubu, septuagénaire et demi, qui Préside le Conseil des Ministres (le Premier Ministre, si vous préférez), allonge des billets pour pouvoir caresser les fesses de jeunes filles qui n’hésitent pas à flatter le grand-père concupiscent pour rembourrer leur tirelire. Il n’y a sans doute pas là de quoi fouetter un chat, ce petit monde est consentant et je n’ai rien contre les obsédés sexuels, mais…
Mais nous avons appris que le petit Ubu méridional, si sûr de lui, de sa valeur, de sa pertinence, de son talent, donc, tellement convaincu du caractère indispensable de sa présence à la tête du gouvernement, achetait les voix de certains députés lors des votes où sa majorité risquait d’être mise à mal… Un coup bas dans le ventre de la démocratie et, hélas, sommet d’un iceberg dont-il vaudrait peut-être mieux ne jamais connaître l’entièreté. Tarif d’usage : 150 000 €. Il y a des putains qui coûtent vraiment les yeux de la tête, mais le petit Ubu peut s’offrir le monde s’il le veut.

Stanislas Cotton, septembre 2011


[1] Dans le journal Le Soir du vendredi 9 septembre 2011.