jeudi 18 novembre 2010

AU BOIS DORMANT


1.
Matin blotti tout contre le corps de la nuit
Epèle Tremblant Ses velours du bout des doigts
Garder Dit-il Te garder Seulement cette fois
Ne peux-tu t’évader un jour du temps qui fuit

Elle gémit S’accroche aux bras qui l’enlacent
Découvre les lèvres qui cherchent les siennes
Rester Dit la nuit qui se penche et l’embrasse
J’ai peur que de ceci jamais le temps ne vienne

Et l’amoureuse telle une vague dans les soies 
Roule dans un soupir vers la rive du lit
Et l’amoureux n’y peut rien À peine embrassée

La belle se retire Il en pleure parfois
Larmes de matin sur le monde Petite pluie
Il garde sur les lèvres le gôut de l’embrassée

2.
La nuit revient plus tard Après le crépuscule
Dans les ruines du jour Elle cherche le matin
Cet insaisissable amant qui toujours recule
Ou est-ce elle qui s’enfuit lorsqu’il lui tend la main

Le doute la ronge Sans jamais de répit
Qui de lui ou d’elle Qui lui dira qui des deux
Mais qui laisse la place Qui s’efface du lit
Si c’est elle qui s’en va Beau matin lui en veut

Voilà ce qu’elle présume Mais lui fièvreux l’attend
Couché dans ses draps sous le fil de l’horizon
Point de colère mais une prière qui l’appelle

Se frôlent S’effleurent Mais se perdent les amants
Il court Il la recherche Plein de confusion
À coups de pelle On le voit même fouiller le ciel

3.
On peut le voir parfois Etrange promeneur
Fouler les campagnes Un prénom sur les lèvres
Soliloquer en haut des remparts d’Elseneur
Matin fol Portant un mal que rien ne sèvre

On peut la voir aussi Morne voyageuse
Glisser ici et là Le regard éperdu
Guettant fièvreuse l’heure miraculeuse
Qui lui fera retrouver son amant perdu

Triste roi Triste reine Dans les plis du temps
Reclus par la lumière Captive des ombres
Les rires du soleil vous donnent le fouet

Et les dents des étoiles vous mordent jusqu’au sang
Cette bouffonnerie des dieux est bien sombre
Jour Nuit Dormez Piquez-vous le doigt au rouet

4.
Et voilà les amants au cœur du bois dormant
Réunis par le sommeil dans le même lit
Qu’il est bon de les voir Apaisés Si charmants
Qui respirent ensemble L’un à l’autre promis

Comment va tourner le monde sans nuit Sans jour
Je me le demande Oui Je me le demande

Chût Retirons-nous sur la pointe des pieds
Prenons des vacances
De longues vacances
Cent ans c’est long
Cent ans C’est bien Non
S.C. 2009

samedi 13 novembre 2010






Alouette
Le jour trébuche Maladroit
Les pieds dans le tapis Maladroit
Les pieds dans le tapis du crépuscule Et patatras
Patatras non Mais non Pas lui
Il prend son temps Lui Son temps Comme il le prend
Quel luxe de choir ainsi Au ralenti Choir
Un plané Un lent vol plané Plané
Le goutte-à-goutte des minutes
Plic Dans l’infini du temps Ploc L’infini Plic Du temps Ploc
Et la chute interminable du jour
Dans les velours de la nuit
J'ai froid
Un lent déclin Trop J’ai froid
Ce qu’elle dure Cette chute
Elle n'est pas secouée de douleur Non
Elle n’est pas saturée de vacarme Elle
Pas d’épilogue au cours des choses
Le jour s’évanouit en douceur
Il prodigue son éloge de la lenteur
Tout est calme et pourtant
Le fond de l’air effraie


"Les chiens qui hurlent à la lune ont dans la gueule le goût amer de la fin du monde" (début)

jeudi 11 novembre 2010

...
Ulysse
À force de semer mes pas dans la poussière
De courir pour rattraper l’horizon
Je m’égare dans le décompte des jours
Je perds le fil
Et les matins ne portent plus de noms
Mais je marche
Je tourne le dos au soleil
J’avance tout le jour me jouant du désert
Je m’endors dans les plis d’une dune
Me relève le matin
Et repars vers la mer
Un soir J’aperçois la clôture
Dans le crépuscule Au soleil couchant
Ainsi À la frontière Se dresse un mur de barbelés
Barricade Rempart Fermeture
Des soldats pointent leurs armes
Derrière eux Ma vie future
Et ici Mon passé
...
Extrait de "Bug" 2010